LE TOUT INSTITUTIONNEL APPARTIENT AU PASSÉManifestePOUR UNE RÉPUBLIQUE CIVILE ET DE RÉSEAUX


2 février 2001

par Jacques ChatignouxOlivier Zablocki

La Constitution crée en droit, des citoyens libres, égaux et fraternels. Cela est, par le travail de nos anciens, une conquête de l’humanité.

L’Internet offre à ces mêmes citoyens une opportunité de plus pour être, au travers de leur énergie personnelle, des acteurs indépendants et autonomes de cette liberté, de cette égalité, de cette fraternité entre les hommes comme entre les peuples. Ceci est un usage éclairé d’une technologie.

Aujourd’hui, nos sociétés sont régies par des règles de droit, des valeurs idéologiques, cultuelles, culturelles et par des pratiques sociales qui privilégient la plupart du temps :


-  La référence à une organisation sociale explicite dont les dénominations varient selon les contextes (Etat, administration, société, association, collectivité, syndicat, chambre etc…). Certaines de ces organisations sont mentionnées dans la Constitution mais toutes reviennent souvent à une interprétation juridique de l’affectio societatis.


-  La délégation juridique de responsabilité dont les dernières décennies ont vu (à travers ce que l’on appelle communément les affaires) les limites et les avatars dans l’exercice des pratiques publiques, privées ou associatives. L’expression des corporatismes en tous genres confortant cette dénégation des responsabilités, des engagements mais aussi des sanctions avec la formule désormais célèbre « responsable mais pas coupable ! » ou avec la forfaiture que constitue l’amnistie en matière de financement des partis politiques.


-  L’usage de valeurs, plus ou moins partagées et identitaires, sur lesquelles les dernières enquêtes confirment une certaine stabilité des références à la famille et à l’ordre social, l’expression d’un désir d’autonomie, l’engagement dans des communautés sous des formes individualistes et de valorisation immédiate du plaisir etc…


-  L’exploitation « verbeuse » des mots et des concepts, pour être dans l’air du temps et donner le change afin de cacher des incapacités à l’innovation, à la transparence de l’exercice public, à la créativité utopique urbaine, à la valorisation de nos patrimoines locaux, à la protection de nos ressources naturelles…


-  Le caractére monétaire de toute valeur ajoutée marchande. L’échange est trop souvent une simple valeur monétarisée.

L’arrivée d’Internet dans le paysage de nos pratiques collectives nourrit une succession de ruptures qui sont en elles-mêmes fondatrices :


-  Le réseau est seul maître à son bord. Pour preuve toutes les tentatives de régulation d’Internet ne peuvent s’établir par le biais d’une organisation classique. On fera désormais appel au forum public qui est en soi un réseau. Tout agression contre le réseau crée immédiatement un effet démultiplicateur de contrefeux.


-  La parole est libre et responsabilisée par la référence à un code moral de valeurs et d’attitudes : la netiquette. L’écrit domine pour l’instant mais l’oralité et l’image interactive pointent leur nez derrière la petite lucarne. En cas de non respect de ce code, la réponse sera plutôt du domaine de la réprobation voir du mépris.


-  Chaque citoyen est à égalité de chances. Internet est un des supports de communication les plus modiques qui soient. La communauté des artisans du logiciel libre offre gratuitement à chaque citoyen les outils pour communiquer, apprendre ou pour rendre visible son expression personnelle.


-  L’accès à Internet est facteur de fraternité et de solidarité. Ouverture entre les hommes, connexion des savoirs, sentiment identitaire d’appartenance à des communautés porteuses d’actions, de préoccupations, d’utilités, d’amitiés…


-  Modèles économiques de la gratuité et de la monnaie peuvent coexister. L’économie de la gratuité est viable car elle amplifie les lieux de création de valeur ajoutée en matière d’innovations technologiques et sociales. L’économie de la monnaie est utilisable par internet qui en facilite les référents et les transactions classiques de l’univers marchand.

Face à ces constats qui sont des vérités simples, nous, fondateurs de réseaux civils invitons nos lecteurs à s’interroger sur les quelques pistes suivantes et à rejoindre librement les pratiques civiles et de réseaux proposées.


-  Le tout institutionnel est du passé. On ne peut fonder l’évolution d’une société civile sur les seules organisations à base juridique, les seuls financements à caractère marchand ou relevant du transfert financier public. Place aux communautés en réseau sans nécessité d’un fondement juridique. Le réseau civil est une des réponses.


-  L’énergie civile de chaque citoyen est une richesse collective. Il n’est pas besoin de faire partie d’une quelconque organisation pour l’exprimer. Place aux initiatives individuelles et civiles porteuses d’énergie.


-  Le réseau est un centre de ressources. Chacun peut y contribuer, chacun peut en tirer profit. Qui donne reçoit sur Internet. Place aux lieux de partage gratuit du savoir et à un accès libre aux bureaux virtuels de travail.


-  Les lieux des décisions publiques ou privées doivent être co-produits par le débat et l’exercice du sens critique. Place aux lieux collectifs de débats pour exercer la co-production et la co-régulation des décisions qui nous concernent.


-  L’émergence de projets locaux fondés sur des énergies individuelles ou de communautés est la richesse d’une nation. Place aux porte-voix qui accompagnent gratuitement l’énergie de chacun.

Si vous partager le propos et souhaitez l’enrichir, créez votre propre réseau civil et rejoignez avec conviction l’exercice collectif d’une pratique civile de gouvernement.

Ne cherchez pas à signer ce document, ce n’est pas une pétition…mais un manifeste. Faites le circuler, il est libre de tout droit… Agissez, libérez vos énergies personnelles et participez au forum qui fait suite ici.

A bientôt dans l’action.