Les Nouveaux Colporteurs


La mère, … j’ai quelque chose pour vous !

Là, … dans le dernier casier de ma boîte à malices …

Ainsi pouvait interpeller dans la foule du marché le colporteur du siècle dernier en proposant alors une tisane souveraine pour soulager les trois quarts des maux dont l’humanité est affligée : diabète, indigestion, rhumatismes, acné, séborrhée…

Le Colporteur du vingt-et-unième siècle sera aussi, comme son aïeul, ce marcheur infatigable, ce messager porteur de nouvelles …et d’une relation de qualité entre le citoyen, la technique et la société

Contexte et objectifs du projet Le colportage est aujourd’hui perçu comme une activité pittoresque plutôt associée à la mendicité.

C’est pourtant une pratique ancestrale dont on trouve déjà des traces au XVème siècle, et ce véritable métier a joué au 19eme et au début du siècle dernier un rôle essentiel dans la vie des français. Présents sur l’ensemble du territoire et proposant leurs produits jusqu’aux zones rurales les plus reculées, les “porte-balle” font alors partie intégrante du monde des campagnes et des petites bourgades. Ils sont des personnages connus et attendus qui, tout à la fois, amènent les outils de la distraction et les nouvelles de la ville. Le colporteur est alors le lien qui unit les hameaux aux villages et les communes aux chefs-lieux de cantons il est porteur de culture et de la modernité.

Mais cette activité a périclité en raison de son inadaptation aux évolutions de la société en matière de transport et de l’inadaptation des produits proposés (almanachs, chansonnettes, produits de mercerie etc…) qui constituaient le fond de commerce des colporteurs et qui sont devenus obsolètes face aux propositions de produits du quotidien faites par des marchands ambulants locaux ou des voyageurs de commerce, nantis d’une voiture à cheval et transportant un stock beaucoup plus important, vendant aux particuliers ou jouant le rôle de grossistes ambulants auprès des mercières et des quincailliers des villages.

Et puis, au cours des années, dans nombre de domaines, nous avons glissé du citoyen à l’usager ou au client dans une révolution qui est tellement passée inaperçue que la nature et la finalité de l’usage des biens et des services ont été oubliée et que seul l’acte économique a été perçu et non plus ce qui relevait de l’échange.

Dans le contexte qui est aujourd’hui le nôtre, à partir d’une interrogation sur la place et l’usage de la technique et l’utilité des produits logiciels et des moyens de communication dans leur relation avec la société et le citoyen, le Nouveau Colporteur se fixe pour ambition de penser des services de proximité qui “fasse société”, qui encouragent la participation et la solidarité via la création et l’affiliation à des réseaux de citoyens.

Le projet nouveau colporteur repose sur l’idée simple que la maîtrise des usages des biens et des services issus de nouvelles technologies par les usagers nécessite de réinventer la proximité car ni l’individu ni la technique ne peuvent être déconnectés et se passer du monde qui les entourent.

Le principe d’activation du nouveau Colporteur repose sur le paradigme que la technologie ne fait pas disparaître le lien social à la condition de considérer l’absurdité du concept de “village global” s’il n’existe pas simultanément d’espaces et de villages locaux et d’habitants qui puissent échanger et communiquer entre eux sur des modes non virtuels et instrumentés mais réels.

Pour le nouveau colporteur, les outils techniques de communication ne sont pas un substitut aux relations de face à face : nous sommes faits de chair et d’os et l’humanité est en premier lieu une rencontre physique à l’autre.

Il s’agit de permettre le développement d’une nouvelle activité, d’un bouquet de services de proximité qui reposent sur la promotion de la communication et des logiciels libres et des usages des logiciels relationnels avec la création de réseaux d’utilisateurs locaux et la distribution de biens culturels basés sur les nouvelles technologies et internet ; ces objets constituant actuellement le plus dynamique espace de liens sociaux et de formation mutuelle que l’on puisse imaginer.

Le nouveau colporteur est un éducateur populaire non sédentaire dont l’activité repose sur la distribution directe d’objets communicants. Cette activité repose aussi sur un réseau de compétences qu’il s’est constitué pour lequel il réalise du courtage en prestations lorsqu’il ne peut intervenir lui-même.

Le but du projet nouveau colporteur est de proposer un éventail de services qui permettent une appropriation sociale des nouvelles technologies dans la proximité.

Face à des contraintes nouvelles, le projet nouveau colporteur fait le pari de pouvoir faire naître une organisation, une coopération et une communication interpersonnelles d’un type nouveau qui vont permettre à des synergies d’un modèle cellulaire humain en réseau de se développer.

‘Les objectifs et missions de la période d’émergence et de consolidation du projet au cours concernent :’

  • la construction du catalogue du “ Nouveau Colporteur ”. Il s’agit de rencontrer, sur les fondements du projet, différents créateurs d’objets communicants et intervenants et de définir avec eux la nature du contrat collaboratif qui pourrait être mis en place.

  • la validation et la structuration en grandeur nature des intuitions et du travail immatériel d’auto formation et de conception, des expériences diverses menées depuis plus de trois années par le porteur du projet, avec des succès divers, qui ont fondé la démarche.