Patrimoine et usages numériques


Le 19 mai dernier, à Ardes-sur-Couze, s’est déroulé le 1er Laboratoire des Usages Numériques (LUN) sur les thèmes du tourisme et du patrimoine. Initié par le Pays d’Issoire Val d’Allier, dans le cadre d’une démarche menée par le Conseil Régional d’Auvergne, cet atelier a rassemblé une soixantaine d’acteurs : associations, institutions, entrepreneurs et professionnels du tourisme.

En sous-groupes, ont été abordées différentes thématiques parmi lesquelles la valorisation du patrimoine. ¾ d’heure étaient accordés pour émettre nos points de vue relatifs à l’enjeu du développement des nouvelles technologies et de la dématérialisation des données.

ChezNous était présent. Voici ce que nous avons retenu.

Comment le numérique peut-il être un levier de dynamisation du territoire, en matière de patrimoine (naturel et culturel,  architectural et mémoriel) ?

Les acteurs rassemblés autour de cette question se sont accordés à dire que la démarche vise non seulement les visiteurs mais aussi, et surtout, les habitants dont le public jeune.

Les outils numériques visant à valoriser le patrimoine s’adressent ainsi à l’ensemble des personnes à même d’être intéressées par approfondir sa connaissance du territoire.

1. Une démarche pédagogique : mieux connaître son territoire

Les acteurs présents se sont enthousiasmés pour la création d’un « Wikipédia local », sorte d’encyclopédie numérique à laquelle chacun(e) contribuerait : autant l’acteur associatif patrimonial détenteur d’un savoir spécifique que l’habitant ou le touriste qui vit le territoire.

La valorisation du patrimoine s’effectuerait dès lors par la mise en commun d’informations et de ressources à la portée de chacun(e) : descriptifs par les acteurs associatifs compétents, récits et témoignages d’anciens habitants, photographies de visiteurs que viendraient compléter les plans cadastraux mis à disposition par les mairies, par exemple.

Au delà de l’inventaire et de l’archivage des données, il s’agirait fondamentalement de partager des connaissances en donnant à voir différents points de vue. L’intérêt des usages numériques réside ainsi dans la possibilité d’accéder à la fois à l’expertise du géobiologue, à la mise en perspective par l’historien ou encore au regard de l’artiste sur un même territoire ; mais aussi, de pouvoir poser des questions, commenter et abonder en informations en tant qu’habitant passionné ou curieux.

En partageant ainsi leurs connaissances, on peut supposer que les habitants vivront d’autant mieux leur territoire, valorisant par là –même leurs savoirs.

2. Une démarche participative : faire vivre son territoire

Il a bien été souligné que la condition préalable demeure toutefois la maitrise des supports d’expression.  La participation citoyenne à la valorisation patrimoniale au moyen d’outils numériques repose autant sur l’accès aux applications et outils de communication qu’à la culture de  nouveaux savoir – faire.

Il s’agit alors d’accompagner ce mouvement par de la formation aux usages collaboratifs qu’offrent les outils numériques. Des ateliers dédiés à la mise en commun de données sur le patrimoine peuvent être une façon d’apprendre comment photographier et mettre en ligne, rédiger et publier, effectuer des recherches, réaliser une cartographie, etc. Bref, partager de façon co-opérative des données numérisées.

Il est à noter que l’ensemble des acteurs a intérêt à :

  • coopérer pour éviter de reproduire les mêmes informations,

  • mutualiser des ressources et des compétences communes,

  • contribuer pour façonner une ‘communauté de savoirs et de pratiques’ complémentaires.

Par la mutualisation de ces données, à laquelle participe directement le mouvement d’Open Data, s’esquisse alors un bien commun informationnel. Les informations, tantôt sectorisées, deviendront accessibles à tous, contribuant à enrichir et dynamiser le regard des habitants sur leur patrimoine.

3. Une démarche ludique : tisser de nouveaux liens

Toutefois, les usages numériques ne sauraient être exclusifs ni les nouvelles technologies faire écran à la réalité tangible qu’offre le territoire. Les différents acteurs de ce 1er LUN ont ainsi bien souligné la nécessité de maintenir et développer les interactions avec  le «réel».

L’exposition virtuelle ou en 3 D (dimensions) d’un site ne saurait donc donner une vue exhaustive mais plutôt offrir une « bande-annonce » invitant à la découverte in situ.

D’autres exemples ayant fait leurs preuves pourraient se multiplier et ainsi diversifier l’expérience vécue sur le territoire : circuits de balades avec QR codes,  jeux de pistes de type géocaching, etc.

La réalité du territoire apparaît alors augmentée par la capacité d’accès supplémentaire qu’offrent les applications numériques.

L’expérience réellement vécue est démultipliée par différents canaux d’accès, à l’instar des guides bénévoles qui une fois contactés par internet peuvent animer une rencontre sur le terrain : http://www.greeters.fr

Une convergence d’acteurs, professionnels du tourisme ou habitants,  animera et enrichira ainsi les savoirs sur le territoire et son patrimoine. Disposés aux usages collaboratifs du numérique, les acteurs professionnels et associatifs rassembleront des données aujourd’hui disparates, et construiront avec la participation des habitants, également sensibilisés à ces enjeux, un système d’informations territoriales.

4. Une démarche à expérimenter ensemble :

Manifestement prêts à passer à l’acte, les acteurs en présence se sont questionnés sur les modalités de mise en œuvre d’un tel support d’informations contributives. Le débat a notamment porté sur l’accès libre des données (open data) ou la hiérarchisation et la validation des contenus.

Le constat a été fait que les technologies numériques permettent de retrouver rapidement les informations  avec la possibilité d’utiliser des mots clés (#tags). De telles pratiques facilitent dès lors l’organisation des contenus, certains pouvant être validés par les acteurs ressources et d’autres laissés à la responsabilité de leurs auteurs.

> Clef d’entrée : sa localité

Pour commencer, les acteurs préconisent de lancer des groupes “patrimoine” par village.

En tant que médiateur numérique et média contributif de proximité, ChezNous propose de tester un système d’information en cours de déploiement sur le Pays d’Issoire. L’axe “patrimoine” étant un des axes privilégiés de ses “sites web locaux d’information”, ChezNous propose aux acteurs présents de tester cet usage à la fin d’été 2015.

L’idée est d’amorcer avec les acteurs volontaires, une arborescence de données numérisées afin de dessiner un «paysage de connaissances» qui participera directement à valoriser le patrimoine local par une reconnaissance des savoirs des habitants et acteurs du territoire.

Alors, rendez-vous pris ?  🙂

Pour contribuer à cette démarche, contactez : concierge@cheznous.coop